La gestion des électrolytes chez le cheval
19.08.2019 -
En périodes de fortes chaleurs, vous avez sans doute déjà remarqué les trainées blanches qui apparaissent aux endroits où vos chevaux transpirent. Il s’agit de sels minéraux résiduels faisant partie de la transpiration et qui ont séchés sur les poils du cheval. En cas de fortes sudations, de nombreux cavaliers ont recours à l’utilisation d’électrolytes pour compenser ces pertes en sels minéraux et aider leurs chevaux à mieux récupérer lors des entrainements et des compétitions.
Horse Up vous propose de faire le point sur les électrolytes et comment bien les utiliser.
Qu’est-ce que les électrolytes
Les risques d’une carence en électrolytes
Intérêt d’une complémentation en électrolytes
Qu’est-ce que les électrolytes ?
Ce sont les sels minéraux qui se trouvent dans la sueur. La sueur est beaucoup plus concentrée en électrolytes que le sang, ce qui implique qu’en cas de sudation lors d’un exercice ou d’un transport par exemple, le cheval va perdre une quantité non négligeable de ces sels minéraux.
Les principaux électrolytes qui composent la sueur sont le sodium, le chlore et le potassium. On retrouve également des macro et oligo-éléments en quantité beaucoup plus faible tels que le calcium, le magnésium.
Les électrolytes sont responsables du maintien de l'équilibre acido-basique et de la régulation osmotique des fluides corporels. Cela signifie que sans eux, l’organisme n’est pas capable de conserver la bonne quantité de liquide dans les cellules. Ce mécanisme de régulation est complexe et fait intervenir d’autres composés comme les enzymes, certaines hormones ou des protéines. Cependant sans électrolytes aucune hydratation cellulaire n’est possible et les cellules meurent ce qui peut entrainer des troubles métaboliques importants. C’est pourquoi en cas de perte liée à une forte sudation, le cheval devra reconstituer son stock en sels minéraux.
Quelles sont les sources d’électrolytes pour les cheval ?
Une alimentation classique à base de fourrages, de grains et la mise à disposition d’une pierre à sel en libre service suffisent généralement à couviri les besoins en potassium, chlore et sodium du cheval. Le bol alimentaire constitue donc la principale source d’électrolytes où le cheval va puiser ce dont son organisme aura besoin pour assurer la régulation osmotique dans les cellules.
En cas de forte sudation liée à un effort physique, un stress (transport) ou simplement une chaleur élevée, les sels minéraux apportés par l’alimentation peuvent s’avérer insuffisants pour compenser les pertes électrolytiques. Dans ce cas, il est possible de recourir à des compléments nutritionnels composés de sodium, chlore et de potassium.
Quels sont les risques de la déshydratation et d’une carence en électrolytes ?
Le cheval a une grande faculté de transpiration. Il peut perdre jusqu'à 15 litres de sueur par heure lors d’un effort intense par forte chaleur. La perte hydrique se situe à 7 ou 8 litres par heure en épreuve d’endurance par climat tempéré, soit l'équivalent de 35 à 40 litres sur une épreuve de 5 heures correspondant à 8 pour cent de son poids vif.
Une perte hydrique même modérée (2 à 4 % du poids vif) aura déjà un impact sur les performances sportives.
Plus le cheval transpire et plus sa réserve en sels minéraux diminue. La perte d'électrolytes peut induire une déshydratation. Une déshydratation importante compromet le mécanisme de transpiration en charge de réguler la température du corps entrainant ainsi une hyperthermie.
La déshydratation génère des troubles circulatoires ainsi que des troubles sur le métabolisme énergétique (épuisement plus rapide du glycogène et augmentation de l’acidose lactique). Cela peut donner lieu à des rhabdomyolyse (myosite) ou des coups de sang ou coup de chaleur. Le déséquilibre électrolytique lié à une forte sudation favorise ces phénomènes.
Les signes d’une déshydratation plus sévère sont une démarche instable, des contractions musculaires non coordonnées, des tremblements et une faiblesse musculaire, une augmentation de la température, un désintérêt pour l’eau. L’équilibre osmotique des cellules de l’organisme repose également sur l’apport d'eau. L'eau est nécessaire et doit impérativement être proposée en même temps que les électrolytes. Le cheval doit donc toujours avoir en libre accès de l’eau propre et fraiche pour pouvoir se désaltérer quand il en ressent le besoin.
Quel est l'intérêt d’une complémentation en électrolytes ?
Une expériementation (Dûsterdieck et al. 1999) a étudié la réponse de chevaux pratiquants l’équivalent d’une course d’endurance de 60 km sur tapis et à qui on offrait de l’eau avec ou sans électrolytes à différents moments de l’exercice. Quand les chevaux couraient sans électrolytes, ils perdaient environ 25 kg de sueur, compensée par 13 litres d’eau ingérés par une consommation volontaire pendant l’exercice, soit environ la moitié de ce qui avait été perdu. Quand ils couraient avec un supplément en électrolytes (dose de chlorure de sodium distribuée avant et après la course), ils buvaient 23 litres d’eau, soit de quoi compenser toute la perte hydrique et ils commençaient à boire plus tôt pendant l’effort. D’autres tests ont montré que la supplémentation en sodium tendait à inciter les chevaux à boire à nouveau. La sensation de soif est stimulée par une augmentation de l’osmolalité plasmatique. L’ingestion d’eau plate après une perte de sueur va diluer la concentration en sodium et inhiber la sensation de soif. Avec un abreuvement initial enrichi en sel, la concentration en sodium du plasma reste élevée et prolonge la sensation de soif dans les minutes qui suivent la première ingestion d’eau.
Quand les chevaux transpirent de façon abondante comme cela peut être le cas chez les chevaux d'endurance, de complet ou d'attelage (efforts intenses et longs), il peut être interessant de reconstituer rapidement les réserves en sels minéraux à l'aide de suppléments électrolytiques.
Comment bien utiliser les suppléments en électrolytes?
La plupart du temps, une alimentation équilibrée, l’accès en libre service à de l’eau propre et fraiche et la mise à disposition d’une pierre à sel suffisent à couvrir les besoins en électrolytes du cheval.
Lors d’efforts ou de conditions entrainant une transpiration abondante (exercice et transport par temps chaud, exposition à de fortes chaleurs, stress), des compléments à base d'électrolytes peuvent être distribués. Ils apportent principalement des sources de chlorure de sodium (sel), du chlorure de potassium, du calcium, du magnésium et certains oligo-éléments. Ils peuvent être distribués dans l’alimentation, l’eau ou directement dans la bouche mais il extrêmement indispensable de les faire ingérer en parallèle d'un abreuvement suffisant.
Par ailleurs, si vous incorporez les électrolytes dans l’eau du cheval, fournissez-lui un seau d’eau sans électrolytes à côté au cas où il ne voudrait pas boire l’eau supplémentée. La priorité doit être donnée à l’hydratation et la fourniture d’électrolytes ne doit surtout pas entraver celle-ci.
En ce qui concerne le mode opératoire, nous vous encourageons à suivre les recommandations de votre technicien et le mode d’emploi du produit utilisé sans jamais dépasser les doses indiquées. Un excès peut être aussi néfaste qu’une carence, surtout en matière d’électrolytes et rappelez-vous que le cheval doit boire suffisamment avant toute supplémentation.
Sources :
R. Wolter. L'alimentation du cheval. La France Agricole, 2015.
R.J. Geor, P. Harris and al. Equine Applied and Clinical Nutrition. Saunders, 2013.
Kentucky Equine Research. What Are Electrolytes and Why Are They Important? [article en ligne]. https://ker.com/equinews/electrolytes-endurance-horse/?highlight=electrolytes