Mastication et ingestion des fibres
24.07.2023 -
HORSE UP vous propose de faire un focus sur l’anatomie de la bouche du cheval et le lien avec son alimentation et l’ingestion des fibres.
1. Fondamentaux de la bouche du cheval et rôles dans l’alimentation
2. Impact de l’alimentation et de l’ingestion des fibres sur la bouche du cheval
3. Les bonnes pratiques autour de dents et de la mâchoire
4. Focus chevaux âgés
1. FONDAMENTAUX DE LA BOUCHE DU CHEVAL ET RÔLES DANS L'ALIMENTATION
La bouche du cheval est un compartiment adapté à son régime d’herbivore et permet de prédigérer les aliments avant leur séjour dans le reste du tube digestif. Elle assure quatre fonctions majeures :
- La préhension des aliments
- La mastication
- La sécrétion de salive
- La déglutition
La préhension des aliments est réalisée grâce aux deux lèvres et de leurs vibrisses. Par leur sensibilité et leur mobilité, elles permettent au cheval le tri des aliments et la prise alimentaire.
Viens ensuite la mastication qui est réalisée par les deux puissantes mâchoires du cheval (une supérieure fixe et une inférieure mobile) et la table dentaire.
La table dentaire du cheval est majoritairement composée de :
- 12 incisives, pour couper l'herbe
- 12 prémolaires et 12 molaires, pour broyer des aliments grossiers
Chez les mâles et de façon plus rare chez certaines juments dites « bréhaignes », 4 canines (ou crochets) apparaissent sur la table dentaire (cf. schéma ci-dessous). La table dentaire est donc composée de 36 dents chez la jument contre 40 dents chez le mâle (ou les juments bréhaignes). Il arrive même que certains chevaux possèdent 42 à 44 dents, si les dents de loup ou les dents de cochons apparaissent, vestiges d’une prémolaire supplémentaire.
Ses mâchoires et sa dentition en font un animal adapté à l’ingestion d’herbe rase et à la digestion des fibres.
Stimulée par le broyage des aliments, l’insalivation a lieu en parallèle de la mastication. Comme chez tous les mammifères, le cheval sécrète de la salive grâce à ses glandes salivaires.
Il en existe trois paires principales dans la bouche du cheval :
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Les glandes parotides, à l’arrière de la mâchoire
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Les glandes mandibulaires, sur la mâchoire inférieure
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Les glandes sublinguales, situées sous la langue
Ces trois paires de glandes salivaires principales ainsi que toutes les autres minuscules réparties dans l’ensemble de la cavité buccale permettent de sécréter de la salive.
La salive va permettre de faciliter la déglutition et de commencer la digestion de l’amidon. Elle joue également un rôle tampon en faisant augmenter le pH acide de l’estomac.
La production journalière de salive moyenne est de 15 à 40 litres chez un cheval de 500 kg, mais elle varie en fonction de la durée de mastication et la teneur en matière sèche de l’aliment.
Elle est composée à 99.9% d’eau c’est pourquoi il est important que le cheval ait accès à une source d’eau à volonté et tout au long de la journée. Le reste de la salive est composé d’ions (Ca2+, Na+, Cl-, K+, etc.) et d’a-amylase, enzyme digestive qui permet de dégrader l’amidon.
La déglutition vient terminer les grandes étapes de la digestion et de la préhension des aliments dans la cavité buccale du cheval. Elle peut avoir lieu grâce à l’ouverture du voile du palais qui permet le passage du bol alimentaire dans l’œsophage. Très développé chez le cheval, il bloque les reflux des aliments déglutis. La langue va également jouer un rôle dans la déglutition, comme dans l’insalivation, par le déplacement des aliments dans la bouche.
La dentition du cheval évolue avec l’âge.
En effet, les dents poussent progressivement dès les premières semaines de vie du poulain. C’est une dentition provisoire qui se met en place jusqu’au 8ème mois du poulain. Les dents de lait (ou dents lactéales) finissent ensuite par tomber entre 1 et 5 ans pour laisser place à la dentition définitive. La perte des dents de lait est progressive et ordonnée et peut-être potentiellement douloureuse, voir problématique et/ou gênante pour le cheval, notamment lors de sa prise alimentaire ou du travail. Il arrive également que certaines dents de lait persistent. Il faut, dans ce cas-là, prévenir un dentiste équin.
Chez le cheval adulte, les dents poussent ensuite de 2 à 3 mm par an pour compenser l’usure de la table dentaire. On dit qu’elles sont hypsodontes. Cette évolution continue permet d’estimer l’âge du cheval par sa dentition.
Chez le cheval âgé, la dentition se dégrade (table dentaire plus lisse, formation de trous entre les molaires, perte de dents, etc.) négativement la mastication et nuisant à la bonne assimilation de tous les nutriments nécessaires. L’alimentation du vieux cheval doit donc être scrupuleusement surveillée pour ne pas dégrader son état de santé.
2. IMPACT DE L'ALIMENTATION ET DE L'INDIGESTION DES FIBRES DANS LA BOUCHE DU CHEVAL
Aujourd’hui, avec la domestication, la majorité des chevaux reçoivent une alimentation à base de foin et de concentrés. Cette alimentation diffère de son mode de rationnement naturel composé à 100% de fourrages et impacte donc la dentition du cheval.
En effet, il faut en moyenne 6 à 7 heures de mastication pour un cheval qui reçoit 10 kg de foin (≈40min/kg de foin). Les concentrés sont mastiqués deux fois plus rapidement ce qui génère une usure moins régulière et moins efficace.
C’est en partie dû à ce changement d’alimentation, que beaucoup de chevaux ont des surdents : ce sont des excroissances de dents coupantes et qui peuvent provoquer de fortes douleurs chez le cheval.
Plus une ration est riche en fibres, plus le phénomène d’apparition de surdents est limité.
3. LES BONNES PRATIQUES AUTOUR DES DENTS ET DE LA MÂCHOIRE
Pour assurer un bon fonctionnement de la cavité buccale et donc un bon amorcement de la digestion, il est important de prendre soin des dents de son cheval.
Il est conseillé de faire suivre son cheval par un dentiste équin annuellement et ce, tout au long de sa vie. La plupart du temps, le dentiste effectue un râpage dentaire pour limer les surdents. Si besoin, il peut extraire une dent qui pose problème, notamment pour les dents de lait persistantes ou les dents de loup. Si une sédation est nécessaire, l’acte est alors réalisé par un vétérinaire.
La surveillance reste le meilleur moyen de détecter un problème de dentition chez le cheval et encore plus chez les chevaux à tout âge afin d'éviter :
- Une usure anormale de la dentition
- Un traumatisme
- Une perte de dent
- Une infection, etc.
Les principaux signes d’un problème dentaire chez le cheval sont les suivants :
- Il se nourrit lentement
- Il perd de l’état
- Il présente des défenses au mors et à la main pendant le travail
- Il recrache des boulettes de foin en mangeant
- Les crottins présentent des aliments non-digérés comme des grains entiers ou des fibres très longues
- Il a une forte odeur buccale
Lorsqu’un de ces symptômes apparait, il est fortement conseillé de faire venir le dentiste équin pour vérifier l’état de la dentition.
4. FOCUS CHEVAUX ÂGÉS
Chez les chevaux âgés qui présentent de gros problèmes de mastication et pour qui le broyage des fibres peut être compliqué, il est possible de remplacer une partie du foin par un aliment concentré ou fibreux.
Pour les chevaux ayant une difficulté extrême dans la mastication, il est possible de distribuer des aliments sous forme de « soupe » en ajoutant la même quantité d’eau que de concentrés. Il est préférable d’utiliser un mash ou un floconné pour ne pas avoir un aliment pâteux.
Sources
Martin-Rosset, W. et coord. 2012. Alimentation des chevaux. Paris : Editions Quae.
NRC (Comittee on Nutrient Requirements of Hors), 2007. Nutrient Requirement of Horses : Sixth Revised Edition. 6ème edition. Washington, D.C. : The National Academies Press.
Genoux N. et Le Masne L. 2019. La bouche du cheval : une anatomie adaptée au régime d’herbivore. [article en ligne]. https://equipedia.ifce.fr/elevage-et-entretien/alimentation/nutrition-et-ration/la-bouche-du-cheval-approche-pratique-les-dents