Le pâturage de printemps pour les chevaux de sport et les chevaux sensibles en 3 questions
07.05.2019 -
#1 quelle quantité d’herbe un cheval peut-il ingérer au pâturage ?
Ne vous êtes-vous jamais demandé quelle quantité d’herbe votre cheval pouvait ingérer lorsqu’il était au pré ?
Voici quelques chiffres pour vous donner une idée :
Un cheval au pré en continu, disposant d’une prairie suffisamment grande et bien enherbée, va brouter en moyenne 12 à 17 h par jour. Sa consommation d’herbe varie entre 1,5 et 5,2 % de son poids vif en kg de matière sèche (l’herbe est composée de 15 à 20 % de matière sèche et de 80 à 85 % d’eau).
Pour un cheval de selle de 550 kg, on estime la consommation moyenne d’herbe à 50 kg d’herbe fraiche par jour (accès en libre service au pâturage sur une prairie bien enherbée).
Impressionnant n’est-ce pas !
Ce sont les poneys les plus voraces avec des capacités d’ingestions mesurées dépassant les 5% de leur poids vif, soit plus de 100 kg d'herbe fraiche par jour chez certains poneys (valeur estimée pour un poids de 350 kg).
Ramené à l’heure, on peut estimer la consommation d’herbe d’un cheval adulte à 3 kg brut (ou 0,5 kg de matière sèche).
Qu’est-ce que cela représente sur le plan énergétique ?
1 kg (en matière brute) d’herbe de prairie naturelle (de plaine) au mois d’avril/mai contient en moyenne 0,13 UFC (Unité fourragère Cheval, ce sont les calories du cheval avec 1 UFC équivalant à 1 kg d'orge).
Cette valeur varie en fonction du stade végétatif de l’herbe. Elle tend à diminuer au fil de la saison.
Il faut donc retenir qu’au printemps (avril à juin), un cheval passant sa journée au pré peut ingérer une moyenne de 6 à 7 UFC quand ses besoins d’entretien ne sont généralement que de 4 UFC et de 5 à 7 UFC pour un cheval au travail régulier.
Tableau valeurs nutritionnelles moyennes d’une herbe de prairie naturelle en avril/mai - Extrait du logiciel Equiligne
#2 Peut-on nourrir un cheval athlète 100 % au pré?
Oui, on pourrait ! Sur le plan énergétique, on vient de le voir, ses besoins sont largement couverts. C’est en partie là que réside le problème. Vous pourriez voir votre cheval s’éloigner rapidement de son poids de forme. Quelques semaines suffisent à faire évoluer sa note d'état corporelle d'un bon demi point, soit 20 à 30 kg, si la ration n’est pas rééquilibrée au moment de la mise à l’herbe.
Outre la prise de poids, il est plus compliqué avec l’herbe de s’assurer du respect de tous les équilibres en nutriments : protéines et acides aminés, minéraux, vitamines …
Dernier point à surveiller, la teneur élevée en sucres solubles et notamment en fructanes de l’herbe de printemps peut entrainer des problèmes métaboliques tels que des fourbures, des ulcères ou des myosites dues à l’effort.
Quelques heures au pré ou dans un paddock bien enherbé peuvent suffire à entrainer des troubles métaboliques sur les chevaux athlètes ou certains chevaux sensibles. Il convient donc d’être vigilant au printemps quand l’herbe est jeune et abondante.
A lire également, l'amidon et le sucre et le lien sur la santé équine, Impact de l'alimentation sur les Rhabdomyolyses d’effort
Exemple de ration avec 4 kg de Xtrem STAR (aliment compétition) + 10h de pâturage pour un cheval de 550 kg travaillant 3h par semaine (CSO) - Extrait du logiciel Equiligne
#3 Les bonnes pratiques pour gérer le pâturage des chevaux athlètes ou des chevaux sensibles
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Prévoir une mise à l’herbe progressive pour assurer une transition. Commencer par une ou deux heures, dans les pâtures les plus pauvres et les moins abondantes.
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Revoir la ration de votre cheval avec votre technicien/conseiller pour l’adapter, même temporairement, en tenant compte des apports énergétiques du pâturage.
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Ne laissez pas votre cheval toute la journée au pré. Si ce n’est pas possible, privilégiez des terrains peu riches, des paddocks peu enherbés en laissant plutôt du foin à disposition. Vous pouvez également poser un panier (notamment pour les chevaux sujets aux fourbures).
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Privilégier le pâturage la nuit. En effet, la production de sucres est plus importante la journée. La nuit la teneur en sucres solubles diminue dans l’herbe, elle est donc moins riche en phase nocturne.
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Attendez que l’herbe monte en tige. Plus le stade végétatif de l’herbe est avancé (plus les tiges sont hautes), moins elle contient de sucres. Cette diminution se fait au profit des fibres (cellulose, hémicellulose), plus adaptées au régime du cheval.
N’hésitez pas à en discuter avec votre conseiller en nutrition équine pour trouver la solution optimale.
1 Edouard et al 2008, NRC 2007