Immunité du cheval : mieux résister aux infections saisonnières
10.10.2022 -
L’immunité c’est quoi ?
On distingue le système immunitaire naturel ou inné du système immunitaire adaptatif.
Le système immunitaire naturel ou inné pourrait s’apparenter à un bouclier (ou aux remparts d’un château fort) dont le rôle est de repousser les micro-organismes pathogènes hors de l’organisme. La réponse innée est rapide, sans mémoire et indépendante de l'antigène. Elle n’a pas besoin de s’adapter aux agents infectieux ou aux corps étrangers.
Les agents protecteurs sur système inné sont par exemple :
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les barrières physiques et chimiques telles que la peau, le mucus ou les acides forts comme celui de l’estomac
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les barrières organiques telles que les globules blancs qui circulent dans le sang. Les plus connus sont les macrophages.
Dès lors que l'ennemi passe ce bouclier et s’attaque aux cellules de l’organisme, le rôle des macrophages est de "phagocyter" (manger) les microbes dès les premières minutes de l'agression. Vous vous rappelez des policiers blancs dans "Il était une fois la Vie". Et bien voilà, ce sont les macrophages !
Les causes de déficience du système immunitaire chez le cheval
- De déséquilibres nutritionnels ou mauvaise alimentation : carences alimentaires, alimentation oxydante, sous-nutrition, sur-nutrition, problèmes d'assimilation...
- L'exposition au froid et à l'humidité. Avoir froid pourrait affaiblir les défenses naturelles et rendre les chevaux plus vulnérables aux infections.
- Le stress chronique et la suractivité qui affaiblissent également les défenses et la capacité du système immunitaire à réagir.
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Comment renforcer et préserver le système immunitaire du cheval ?
- Protéger du froid, de l’humidité, des courants d'air qui fragilisent les défenses naturelles. L'automne et l'hiver sont donc des saisons plus à risque.
- Maintenir une pression microbienne basse dans l’environnement en veillant à l'hygiène des bâtiments et du matériel (mots, mangeoires, abreuvoirs), en assurant un bon recyclage de l'air via une ventilation adaptée et en limitant le nombre d'animaux dans un espace restreint.
- Fournir une alimentation saine, équilibrée et adaptée en fonction du métabolisme et de l'activité du cheval.
- Limité les facteurs de stress (aigus ou chronique)
Dans une révue réalisée par l'INRA sur les conséquences du stress sur la fonction immunitaire chez les animaux d’élevage, il a été mis en évidence que le stress peut inhiber le développement de la réponse lymphocytaire à un antigène, par exemple une réponse vaccinale. Les conditions d’élevage ou la survenue d’événements stressants influencent donc le système immunitaire, notament dans le cas de facteurs de stress aigus, repétés ou chronique. L’altération des réponses innées et acquises diminue la résistance des animaux aux infections virales ou bactériennes.
Immunité et flore intestinale du cheval
- La flore intestinale renforce la barrière du tube digestif qui sépare les microbes des cellules de l'organisme.
- Elle joue un rôle d’éducateur des macrophages en leur apprenant à mieux faire la différence entre les bonnes et les mauvaises bactéries.
Lors des journées AFTAA de 2018 sur l'immunité et la nutrition chez les monogastriques, Pauline Grimm, ingénieure de recherche Lab to Field, décrit le rôle essentiel du microbiote gastro-intestinal pour la santé du cheval. Le gros intestin doit faire l’objet d’une attention toute particulière avec un temps de rétention moyen des aliments de 10 à 30 heures (soit plus de 60 % du temps passé dans le tube digestif) et 60% du volume total du tube digestive.
Le gros intestin est peuplé de nombreux micro-organismes et le siège principal de la dégradation des fibres.
C'est également un système fragile qui peut vitre être pertubé, notament en cas de régime trop riche en amidon (plus de 200 g d’amidon/100 kg poids vif/repas). Un essai réalisé à Dijon par Lab to Field sur des régimes à richesse croissante en amidon a montré qu'à partir de 30 % d’inclusion d’orge, le nombre de bactéries cellulolytiques diminue dans le gros intestin, avec une production accrue de lactate provoquant un déséquilibre du microbiote appelé dysbiose intestinale. La dysbiose intestinale peut avoir d’autres conséquences chez le cheval : modifications du comportement (stress/anxiété), inflammation, fourbure, diarrhées, etc.
Conclusion, l'alimentation est l'un des premiers leviers pour préserver l'équilibre de ce microbiote et par extension assurer le bon fonctionnement du rôle des bactéries sur l'efficacité du système immunitaire.
A lire également : Les fibres : une nécessité pour le cheval
Le cas des probiotiques :
Micronutriments et défenses immunitaires ?
- Les vitamines A et D vont intervenir sur les tissus au niveau des poumons et de l’intestin qui constituent une première barrière de protection. Si ces barrières sont endommagées, les bactéries et virus pourront plus facilement pénétrer dans l’organisme et causer des infections.
- Vitamines A, D, le fer et le sélénium auront un impact sur la sphère intestinale et aideront le corps à lutter contre des pathogènes comme les salmonelles ou les clostridis.
- Une carence générale en micronutriments affecte l’efficacité des différents acteurs du système immunitaire ( peptides antibactériens, macrophages, neutrophiles).
R.J. Geor, P. Harris and al. Equine Applied and Clinical Nutrition. Saunders, 2013.
MERLOT E., 2004. Conséquences du stress sur la fonction immunitaire chez les animaux d’élevage. INRA Prod. Anim., 17, 255-264.
Kentucky Equine Research. Manage Micronutrients for Optimal Immunity in Horses. [article en ligne]. https://ker.com/equinews/manage-micronutrients-optimal-immunity-horses/?highlight=immunity
Revue de l'alimentation animale. Journée AFTAA : immunité et nutrition chez les monogastriques. [article en ligne]. http://www.revue-alimentation-animale.fr/nutrition-formulation/journee-aftaa-immunite-et-nutrition-chez-les-monogastriques/
http://www.associationiris.org/infos-medicales-et-traitements/les-deficits-immunitaires